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Le compagnonnage


Mouvement ouvrier par excellence, le compagnonnage interpelle d’abord par son incroyable longévité. Au cours des huit siècles qui caractérisent son cheminement historique, il a su se construire progressivement une identité particulière qui lui confère une place originale dans le monde du travail.

 

Sur la scène officielle de la formation professionnelle, il est parvenu à obtenir un statut d’acteur et de partenaire reconnu grâce à la définition d’une conception originale du métier : pôle organisateur autour duquel se déclinent toutes les valeurs qui contribuent à matérialiser l’esprit de cette communauté d’hommes et de femmes réunis en compagnonnage pour découvrir, approfondir, se perfectionner et s’épanouir dans et par la pratique d’un métier dit "manuel".

 


Historiquement, le compagnonnage s’est d’abord affirmé puis structuré face au monopole des puissantes corporations de l’Ancien Régime. Préconisant le voyage à travers la France comme un moyen de formation à nul autre pareil, refusant l’immobilisme et contestant une transmission des savoirs trop restreinte, il s’est très vite démarqué du modèle des corporations en créant son propre réseau de mobilité et de solidarité, tout en se forgeant un système de valeurs et de principes qui a su évoluer avec le temps.

 

Autour du concept du Devoir, se sont ainsi cristallisées des notions comme : honnêteté, droiture, soif de découverte, envie d’apprendre au contact des autres, nécessité de transmettre aux plus jeunes, souci d’adapter le métier aux exigences d’une société en constante évolution tout en ayant soin de préserver un patrimoine et une mémoire de métier, repères indispensables à la structuration de tout jeune désireux de s’accomplir dans, par et avec l’exercice d’un métier.

 

Traversant les révolutions politiques et industrielles, le compagnonnage s’est toujours efforcé de proposer une réponse à la jeunesse ouvrière en quête d’une formation de qualité et à la recherche de l’excellence. En ce sens il demeure, depuis ses origines, une invitation à un voyage particulier - le fameux Tour de France -, un voyage où en découvrant progressivement la diversité et la richesse de son métier, le jeune homme - et désormais la jeune femme - découvre, par paliers successifs, au rythme des villes et des étapes constitutives de son parcours professionnel, tout le potentiel qui réside en lui. La présentation d’un travail de Réception - le fameux chef-d’œuvre - n’est rien d’autre que le témoignage des connaissances et des compétences professionnelles acquises durant ce parcours de formation initiale.

 

Le compagnonnage s’est construit autour de l’idée forte que cette formation doit s’effectuer sein d’une communauté, d’une fraternité de métier, qui considère avec attention et bienveillance chaque jeune qui a fait l’effort de choisir le compagnonnage pour se construire un projet d’avenir professionnel et social.

 

Certes, il revient à l’historien comme aux Compagnons de mieux faire connaître un compagnonnage français toujours victime de clichés et de représentations en décalage avec sa véritable identité, qui fait de lui une authentique tradition d’avenir et non une école anachronique, folklorique ou bien une sorte de franc-maçonnerie ouvrière, comme trop d’approches superficielles ou hâtives ont encore parfois tendance à le décrire. En ce sens, les milliers de jeunes garçons et filles qui, chaque année, frappent de plus en plus nombreux aux portes des Maisons de Compagnons, sont les meilleurs garants de la vitalité actuelle du compagnonnage français.

 

Toujours à l’écoute des mutations économiques et sociales, le compagnonnage accepte régulièrement de nouveaux métiers en son sein, adoptant ainsi une posture d’équilibre entre tradition et innovation, deux mots essentiels pour appréhender et comprendre l’identité du compagnonnage contemporain. L’admission des femmes depuis 2004 constitue une étape majeure dans la longue route de l’histoire du compagnonnage. En 2010, son inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO marque une reconnaissance solennelle qui consacre définitivement l’originalité et la pertinence d’une formation professionnelle basée sur le voyage au sein d’une communauté de métier.

 

Les Compagnons du Devoir et du Tour de France s’inscrivent dans cette longue histoire du compagnonnage français. Résolument tournés vers l’avenir, ils offrent aujourd’hui une expérience originale de formation initiale et continue aux jeunes hommes et femmes de métier animés par un esprit d’entreprendre. Cette formation est désormais reconnue et appréciée par de nombreux partenaires et acteurs des mondes des métiers, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur.

 

François ICHER, docteur en histoire, spécialiste des compagnonnages en France

Les Compagnons du Tour de France
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